De idgjr5Ab Le 2013-10-19 20:06:44
Z’e9tions quinz’homm’su’l’coff’du mort Hisse et oh ! – et une bouteille d’rhum ! re9pe8te le plus ce9le8bre des romnas de Robert Louis Stevenson. Cette chanson de pirates repre9sente bien e0 elle seule L’Ile au tre9sor, symbolisant tout l’univers litte9raire que l’auteur, ne9 e0 Edimbourg en 1850, a cre9e9. Ce roman, e9crit en quelques semaines, a trop souvent e9te9 cantonne9 au rayon litte9rature pour la jeunesse , et il est heureux qu’on le re9habilite enfin en tant qu’œuvre majeure de litte9rature du XIVe sie8cle. L’essentiel est de bouger, (…), de quitter le lit douillet de la civilisation, de sentir sous ses pas le granit terrestre et, par endroits, le tranchant du silex. disait l’auteur qui, enfant et seul, fils d’un inspecteur des phares et balises, s’inventait de9je0 des histoires de contrebandiers, reavait de le9gendes des oce9ans. Avec L’Ile au tre9sor, Stevenson nous fait voyager, e0 travers les continents e9videmment, mais aussi au-de9le0 du quotidien, qui e9tait peut-eatre trop calme e0 son gofbt. Et c’est un plaisir, malgre9 le fait que, finalement, le sujet du re9cit est, du moins e0 premie8re vue, une banale chasse au tre9sor, avec eele, pirates, bateau et, bien sfbr, magot e0 la cle9.C’est donc l’histoire de ce jeune gare7on, Jim Hawkins, fils d’aubergistes, dont la vie sera bouleverse9e e0 l’arrive9e dans l’e9tablissement d’un certain Billy Bones, arrivant d’un pas lourd e0 la porte de l’auberge, suivi par une brouette qui portait son coffre de marin . L’homme e9tait grand, vigoureux et corpulent. Il avait le teint bistre, les cheveux noue9s en une queue poisseuse qui retombait sur le col d’un habit bleu couvert de taches, des mains rugueuses et couture9es, des ongles noirs et casse9s et, en travers de la joue, la marque laisse9e par un sabre, d’un blanc sale et livide . De8s les premie8res phrases, Stevenson agrippe son lecteur par ses personnages et son monde. Dans un langage soutenu et enrichissant – ainsi qu’une bonne traduction –, tout en respectant la langue des marins, il ne charge son roman de me9taphores, va directement au fait et e0 l’aventure. Les Anglais d’aujourd’hui, je ne sais trop pourquoi, ont tendance e0 me9priser l’e9ve9nement, et re9servent leur admiration pour le tintement des cuillers e0 the9 ou les defauts de langage du vicaire. On trouve habile d’e9crire un roman sans histoire du tout, ou du moins la plus ennuyeuse possible. e9crivait-il dans Essais sur l’art de la fiction. Donnant au lecteur deux points de vue (e0 la manie8re de son autre roman L Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde), lui ne nous ennuie jamais, et c’est un re9gal. L’Ile au tre9sor prouve bien que Stevenson est un ve9ritable maeetre du roman d’aventure et de la description, constitue9e d’images frappantes et me9morables, celle entre autres de Pew le vieil aveugle qui marchait en tapotant le sol devant lui e0 l’aide d’un be2ton et portait une grande visie8re verte qui lui couvrait le nez , veatu d’une immense cape de marin en lambeaux, surmonte9e d’un capuchon [qui] donnait e0 sa silhouette, de9je0 courbe9e par les ans ou la fatigue, un air vraiment difforme .Il faut reconnaeetre que le poe8te William Ernest Henley, qui inspira e0 l e9crivain le personnage du pirate unijambiste et en fut tre8s e9tonne9, avait raison lorsqu il de9clara que c est Silver le ve9ritable he9ros de M. Stevenson, pas Jim Hawkins, ni le tre9sor de Flint , estimant sentir une fois la lecture acheve9e, que le ve9ritable titre du roman n est pas L Ile au tre9sor mais John Silver, Pirate . Il est vrai qu on se moque un peu de savoir si oui ou non Jim et ses compagnons vont re9ussir e0 de9nicher le tre9sor cache9 sur l eele et vaincre les mutins, le monde de Silver, ses histoires et caracte9ristiques, passionnant bien plus que le personnage du narrateur, Jim. Long John Silver, pirate e9rudit sachant quand parler en gentilhomme , qui avait la jambe gauche ampute9e e0 la hanche et portait sous l e9paule gauche une be9quille, qu il manoeuvrait avec une stupe9fiante dexte9rite9, sautillant de-ci, de-le0 e0 la manie8re d un oiseau semble bien eatre le pilier de tout le re9cit, cet homme d une taille et d une force peu communes, avec un visage en forme de gros jambon pe2le et sans relief, mais intelligent et souriant , regroupant les anciens hommes du Capitaine Flint.L Ile au tre9sor se mange ve9ritablement. Stevenson, tout en fouillant au passage du cf4te9 de la beatise et la noirceur de ces marins, tire son lecteur vers le domaine de ses reaves, et nous sommes le0, tels des enfants, devant ce re9cit palpitant, mettant pourtant en sce8ne des personnages peu recommandables L Ile au tre9sor, de Robert-Louis Stevenson. Traduit de l anglais par Jean-Bernard Pontalis. (GALLIMARD FOLIO) 4,50 €